Le principe de vigilance partagée
Date de publication : 13/06/2024
-
Dernière modification : 24/09/2024
La sécurité au travail est l’affaire de toutes et de tous, de la direction aux salariés. Avec le principe de vigilance, chaque collaborateur s’investit dans la prévention des risques et se montre attentif à la sécurité des autres membres de l’équipe. La vigilance partagée peut s’appliquer dans de nombreux secteurs d’activité, et devient l’un des […]
La sécurité au travail est l’affaire de toutes et de tous, de la direction aux salariés. Avec le principe de vigilance, chaque collaborateur s’investit dans la prévention des risques et se montre attentif à la sécurité des autres membres de l’équipe. La vigilance partagée peut s’appliquer dans de nombreux secteurs d’activité, et devient l’un des moteurs de la prévention.
Les coûts directs et indirects des risques professionnels
Les accidents du travail et les maladies professionnelles présentent des coûts directs et indirects considérables pour les entreprises, avec à la clé des arrêts de travail voire une incapacité permanente.
Consécutifs à une blessure, les accidents du travail peuvent prendre des formes variées : chocs, contusions, intoxication aiguë à un agent chimique, chute de plain-pied ou de hauteur… Ils nécessitent des soins médicaux et se traduisent fréquemment par un arrêt de travail.
Les maladies professionnelles résultent d’une exposition à un facteur présent dans l’environnement de travail ou lié aux missions professionnelles. Des troubles musculosquelettiques (TMS) induits par des gestes répétitifs ou des postures contraignantes ou des pathologies consécutives à l’exposition à des agents chimiques peuvent faire l’objet d’une reconnaissance de maladie professionnelle.
Les employeurs sont tenus de lister les risques auxquels leurs salariés s’exposent dans un document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), et de proposer des mesures de prévention concrètes : l’instauration du principe de vigilance partagée fait partie des actions disponibles.
Une démarche de prévention impliquant tous les salariés
Un employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Cette obligation est inscrite dans l’article L4121-1 du Code du travail.
Les mesures collectives sont privilégiées chaque fois que cela est possible, telles que l’ajout de garde-corps, de rambardes de sécurité ou de filets de protection antichute sur un chantier, ou l’installation d’un système de ventilation et de filtrage pour réduire l’exposition à des poussières ou à des agents chimiques dans un atelier ou dans une usine. Elles sont complétées lorsque cela est nécessaire par la mise à disposition d’équipements de protection individuelle (EPI).
L’implication des managers et de l’ensemble des collaborateurs sur le terrain peut seule garantir l’application des consignes de sécurité et le respect de toutes les mesures de prévention mises en place. Le harnais de sécurité pour un travail en hauteur sur un chantier devient par exemple inutile si le salarié préfère ne pas le porter ou ne pas s’attacher lors de certaines tâches, par confort, pour gagner du temps ou simplement parce que “les chutes n’arrivent qu’aux autres”.
La vigilance partagée consiste à responsabiliser chaque salarié pour qu’il devienne l’acteur de la sécurité de tous les collaborateurs. Cette attention portée à l’analyse des risques auxquels s’exposent tous les membres de l’équipe permet également d’être plus attentif à sa propre sécurité. En d’autres termes, il est plus aisé d’accepter de porter le casque en permanence sur le chantier lorsqu’on encourage ses collègues à procéder de même !
Les facteurs clés de succès d’une démarche de vigilance active
Les formations sont une étape nécessaire, car elles sensibilisent les salariés aux règles de sécurité en vigueur dans l’entreprise, aux bonnes pratiques, aux gestes et aux postures qui limitent les risques de blessures et de troubles musculosquelettiques. L’affichage des consignes de sécurité sur les lieux de travail rappelle à toutes et à tous les consignes qui s’appliquent dans l’entreprise.
Mais ces mesures demeurent à elles seules insuffisantes si elles ne s’inscrivent pas dans une démarche plus globale et plus incitative. La confiance et l’écoute sont en effet à la base de toute démarche de vigilance partagée.
La vigilance active s’exprime également lors de la rédaction ou de l’actualisation du DUERP. Tous les collaborateurs confrontés à des situations dangereuses peuvent les remonter à leur direction et ainsi contribuer à une évaluation plus exhaustive des risques professionnels. Ils sont amenés à analyser leur environnement et à prendre conscience de certains facteurs potentiellement négligés. Ils sont également capables d’apporter des solutions concrètes pour réduire les risques d’accidents de travail ou de maladies professionnelles.
Tous les sujets liés à la sécurité doivent être abordés, y compris ceux qui concernent des thématiques moins évidentes à appréhender telles que le harcèlement moral, la pénibilité ou les risques psychosociaux. Nous pouvons prendre un exemple concret : dans un centre logistique, les tables de préparation de commande peuvent être à hauteur fixe. Les collaborateurs de grande taille doivent alors adopter des postures contraignantes et souffrent régulièrement de dorsalgies. Dans une démarche de vigilance active, ils remontent cette information à leur direction qui peut adopter des tables de travail à hauteur variable, faciles à régler pour s’adapter aux tailles des différents salariés : l’ergonomie sur le lieu de travail joue autant sur un rôle sur la pénibilité que sur la sécurité !
Des événements récurrents facilitent les échanges et libèrent la parole, avec par des débriefings quotidiens, hebdomadaires ou mensuels ou l’organisation d’événements dédiés de types team-building.
Les réussites sont valorisées : vous pouvez par exemple communiquer sur le nombre de jours sans accident de travail au sein de l’entreprise. À l’inverse, les incidents font l’objet d’un retour d’expérience commun : les salariés analysent ensemble les facteurs qui ont provoqué l’accident et déterminent les mesures à prendre pour éviter que cette situation ne se reproduise.
Une vigilance partagée réussie s’appuie sur l’implication des délégués du personnel et du Comité social et économique. Elle contribue ainsi à fluidifier le dialogue social et peut améliorer les conditions de travail. Elle impacte aussi positivement la compétitivité des entreprises : les coûts des accidents du travail pour les employeurs sont en effet considérables, et un environnement accidentogène et une ambiance délétère ont une incidence sur le turn-over des salariés. À l’inverse, un cadre sécurisant et une démarche collective fidélisent les équipes.
Partager
Vous aimez cet article ? Notez-le !